Cy Twombly : du Lyrisme dans l' Art Abstrait
Imaginez un monde où les griffonnages deviennent de l'art et où les taches de peinture racontent des histoires épiques. Bienvenue dans l'univers fascinant de Cy Twombly, ce magicien du pinceau qui a transformé le gribouillage en une forme d'art contemporain sophistiquée !
L'importance de Cy Twombly dans l'art contemporain
Cy Twombly est sans conteste l'un des artistes les plus influents du XXe siècle. Ses œuvres, souvent mises en parallèle avec celles de grands maîtres tels que Picasso, Pollock, ou Kandinsky, reflètent un dialogue continu entre les divers mouvements artistiques du XXe siècle. Son approche unique, mêlant abstraction et références classiques, a ouvert de nouvelles voies dans l'art moderne. Comme l'a si bien dit le célèbre critique d'art Robert Hughes, "Twombly est le peintre romantique par excellence de la seconde moitié du XXe siècle, dans le sens où son art est une méditation continue sur les pouvoirs du sentiment".
Qui était Cy Twombly ?
Né en 1928 à Lexington, en Virginie, Edwin Parker Twombly Jr. (dit "Cy") n'était pas destiné à devenir un peintre abstrait révolutionnaire. Son père, entraîneur de baseball, lui transmit son surnom "Cy", en hommage au célèbre lanceur Cy Young. Qui aurait cru que ce petit garçon du Sud des États-Unis deviendrait l'un des artistes les plus influents du XXe siècle ?
Twombly a étudié l'art à Boston, New York et au légendaire Black Mountain College en Caroline du Nord. C'est là qu'il rencontre Robert Rauschenberg, qui deviendra son ami et son amant. Ensemble, ils voyagent en Europe et en Afrique du Nord, ouvrant les yeux et l'esprit du jeune Cy à de nouveaux horizons artistiques.
L'art de Twombly : Quand le griffonnage devient poésie
L'œuvre de Twombly est comme un grand poème visuel, où chaque coup de crayon ou éclaboussure de peinture a son importance. Imaginez un enfant qui gribouille avec enthousiasme, mais avec la sensibilité d'un poète et la profondeur d'un philosophe. C'est ça, l'art de Twombly !
Ses toiles sont souvent de grands espaces blancs parsemés de lignes, de mots à moitié effacés, de taches de couleur qui semblent avoir été jetées au hasard. Mais ne vous y trompez pas, chaque élément est minutieusement pensé. Comme le disait si bien le critique d'art Roland Barthes : "Twombly nous dit que l'essence de l'écriture n'est ni une forme ni un usage, mais seulement un geste, le geste qui la produit en la laissant traîner".
J'ai eu la chance de voir l'œuvre emblématique "Leda and the Swan" (1962) lors d'une exposition au MoMA de New York. La puissance brute des coups de pinceau et l'énergie qui se dégage de cette toile m'ont littéralement coupé le souffle. C'est comme si Twombly avait capturé l'essence même du mythe grec, sans jamais représenter explicitement les personnages.
Les cycles épiques : Quand l'histoire antique rencontre l'art moderne
Une des particularités de Twombly est sa fascination pour la mythologie et l'histoire antique. Il crée de grands cycles de peintures inspirés de l'Iliade ou de la vie d'empereurs romains. Prenons par exemple son cycle "Neuf discours sur Commode" (1963), exposé à la galerie Leo Castelli à New York.
Imaginez neuf grandes toiles verticales, chacune un tourbillon de blanc, de rouge et de jaune. On pourrait y voir le sang de l'empereur Commode, connu pour sa cruauté, ou peut-être une référence à l'assassinat récent de JFK. C'est comme si Twombly peignait l'histoire non pas avec des images réalistes, mais avec l'émotion pure qu'elle suscite.
Le professeur Rosalind Krauss, éminente historienne de l'art, a décrit cette série comme "une méditation sur la violence et le pouvoir, traduite en un langage pictural d'une rare intensité".
Twombly et la couleur : Une explosion de sensualité
Si les premières œuvres de Twombly étaient plutôt monochromes, il a progressivement introduit la couleur dans son travail, et quelle couleur ! Ses tableaux des années 60 sont une véritable explosion de sensualité.
Prenez "Ferragosto" (1961), une série peinte pendant la canicule romaine. C'est un festival de roses, de rouges et de chairs, comme si la chaleur de l'été italien avait fondu sur la toile. On y voit des formes qui évoquent des corps, des fleurs, peut-être même des parties intimes... C'est l'art abstrait qui flirte avec l'érotisme !
Kirk Varnedoe, ancien conservateur en chef du département peinture et sculpture du MoMA, a déclaré à propos de cette période : "Twombly a réussi à insuffler une nouvelle vie à l'expressionnisme abstrait, en y injectant une sensualité méditerranéenne".
Les "Blackboard paintings" : Quand moins devient plus
Dans les années 60, Twombly surprend tout le monde avec ses "Blackboard paintings". Exit les explosions de couleur, place à l'austérité ! Sur des fonds gris foncé, il trace des lignes blanches qui ressemblent à de l'écriture cursive, mais illisible.
C'est comme si Twombly nous invitait à déchiffrer un message secret, ou peut-être à créer notre propre signification. Ces œuvres montrent que même avec un minimum d'éléments, Twombly parvient à créer un univers pictural fascinant.
Le critique d'art Achille Bonito Oliva a comparé ces œuvres à "des palimpsestes modernes, où les traces de l'écriture deviennent des signes abstraits porteurs d'une mémoire culturelle".
Les dernières œuvres : Un bouquet final spectaculaire
Vers la fin de sa vie, Twombly revient à la couleur avec une série d'œuvres monumentales sur le thème des fleurs. Ses "Roses" et "Peonies" sont de véritables feux d'artifice de couleurs vives, comme si l'artiste célébrait la vie une dernière fois.
Ces tableaux font penser aux "Nymphéas" de Monet, en version Twombly. C'est de l'art abstrait, certes, mais on y sent toute la joie et la vitalité de la nature en pleine floraison. Comme quoi, même à plus de 80 ans, Twombly avait encore la capacité de nous surprendre !
J'ai eu le privilège de voir ces œuvres lors de leur exposition au Centre Pompidou en 2016. L'impact émotionnel de ces immenses toiles est indescriptible. On se sent littéralement enveloppé par la couleur et l'énergie qui s'en dégagent.
L'héritage de Twombly : Un pont entre l'ancien et le moderne
Twombly est décédé en 2011, laissant derrière lui un héritage artistique immense. Son style unique, mêlant gribouillage enfantin et références à l'Antiquité, a ouvert de nouvelles voies dans l'art contemporain.
Il a montré que l'abstraction pouvait être à la fois intellectuelle et profondément émouvante. Ses œuvres sont aujourd'hui exposées dans les plus grands musées du monde, du Centre Pompidou à Paris au MoMA à New York.
Nicholas Serota, ancien directeur de la Tate Modern à Londres, a déclaré : "Twombly a réussi à créer un langage visuel totalement nouveau, qui parle autant de notre époque que des mythes anciens qu'il aimait tant".
Twombly, le poète du pinceau
Cy Twombly a prouvé que l'art n'a pas besoin d'être figuratif pour raconter des histoires. Ses gribouillages apparemment aléatoires sont en réalité des poèmes visuels complexes, chargés d'émotion et de sens.
Alors, la prochaine fois que vous verrez une œuvre de Twombly, prenez le temps de la regarder vraiment. Laissez-vous emporter par le rythme des lignes, la vibration des couleurs. Qui sait, vous pourriez bien y découvrir un monde entier caché dans un simple gribouillis !
Et vous, quel est votre avis sur l'art de Cy Twombly ? Êtes-vous conquis par ses gribouillages poétiques ou préférez-vous un art plus figuratif ? N'hésitez pas à partager vos impressions et à débattre dans les commentaires !
Pour approfondir le sujet, je vous recommande vivement la rétrospective Cy Twombly au Centre Pompidou en 2016. Une plongée fascinante dans l'univers de cet artiste unique !