Anselm Kiefer

Anselm Kiefer : L'Alchimiste de l' Art Contemporain

Imaginez un magicien capable de transformer les décombres de l'histoire en or artistique, un sorcier moderne qui jongle avec le plomb, les cendres et la peinture comme un alchimiste avec ses éléments. Mesdames et messieurs, laissez-moi vous présenter Anselm Kiefer, le géant de l'art contemporain qui fait de chaque toile un champ de bataille où s'affrontent passé et présent, mythe et réalité.

 

L'Enfant des Ruines qui Devint Roi de l'Art

Né le 8 mars 1945 à Donaueschingen, en Allemagne, Kiefer vient au monde dans les derniers soubresauts de la Seconde Guerre mondiale. Imaginez un peu : alors que le petit Anselm pousse ses premiers cris, les bombes alliées achèvent de réduire l'Allemagne nazie en cendres. Talk about a dramatic entrance!

Cette naissance au cœur du chaos va marquer Kiefer au fer rouge et façonner toute son œuvre. Comme il le dit lui-même : "Ma biographie est la biographie de l'Allemagne." Autant dire que notre Anselm n'allait pas se contenter de peindre des natures mortes ou des paysages bucoliques !

 

De la Toge d'Avocat au Tablier de Peintre

Peinture texturée évoquant l'œuvre d'Anselm Kiefer, présentant une figure solitaire en silhouette devant des strates horizontales  avec des tons de terre soulignant une solitude extrême

Mais avant de devenir le titan de l'art contemporain qu'on connaît, Kiefer a failli prendre un chemin bien différent. Tenez-vous bien : il a d'abord étudié le droit et les langues ! Imaginez Anselm en costume-cravate, plaidant devant un tribunal... Heureusement pour nous (et pour lui), l'appel de l'art a été plus fort.

En 1966, notre futur maître troque ses codes juridiques contre des pinceaux et intègre les académies de Fribourg et Karlsruhe. C'est là qu'il va rencontrer son mentor, le légendaire Joseph Beuys. Beuys, c'est un peu le Yoda de l'art contemporain, et il va initier Kiefer aux mystères de la performance et de l'art conceptuel.

 

Le Scandale qui le Propulsa sur le Devant de la Scène

En 1969, Kiefer fait son entrée fracassante sur la scène artistique. Comment ? En se photographiant faisant le salut nazi dans différentes villes d'Europe. Scandale ! Provocation ! Les bien-pensants s'étranglent d'indignation. Mais Kiefer, lui, a un tout autre objectif : "Je voulais me poser la question à moi-même : est-ce que je suis fasciste ?"

Cette série, intitulée "Occupations", c'est comme si Kiefer prenait l'histoire allemande à bras-le-corps pour la secouer comme un prunier. Il refuse l'amnésie collective et force ses compatriotes à regarder leur passé en face. Courageux ? Certainement. Controversé ? Absolument !

 

L'Alchimiste des Matériaux

Texture riche et stratifiée évoquant les œuvres de Anselm Kiefer, avec des tons de terre, d'ocre et de rouille, et une surface parsemée de granules et de fissures, suggérant la décomposition et la transformation dans un paysage abstrait rappelant des ruines antiques ou des terres arides.

Si Kiefer est devenu une légende de l'art contemporain, c'est aussi grâce à sa façon unique de travailler les matériaux. Ses toiles, ce ne sont pas de simples supports plats. Non, ce sont de véritables champs de bataille où s'entrechoquent peinture, plomb, terre, cendres, paille...

Imaginez un peu : Kiefer récupère les feuilles de plomb du toit de la cathédrale de Cologne pour les intégrer à ses œuvres. C'est comme s'il greffait littéralement l'histoire dans ses créations ! Et quand il utilise de la suie ou des cendres, c'est toute la mémoire des destructions passées qui resurgit sur la toile.

Pour lui, chaque matériau a une âme, une histoire à raconter. "Plus vous restez devant mes tableaux, plus vous découvrez les couleurs", dit-il. C'est vrai qu'au premier coup d'œil, on pourrait croire que ses œuvres sont grises et ternes. Mais regardez bien : sous la surface se cachent des trésors chromatiques insoupçonnés !

 

Le Maître des Grands Formats

Chez Kiefer, tout est démesuré. Ses toiles ? Gigantesques. Ses installations ? Monumentales. Son atelier à Barjac, dans le sud de la France ? Une véritable cité de l'art de 35 hectares !

Pourquoi si grand ? Parce que les thèmes abordés par Kiefer sont eux-mêmes immenses : l'histoire, la mémoire, les mythes, la spiritualité... Comment parler de la Shoah ou de l'effondrement de la civilisation sur un petit croquis ? Non, Kiefer voit les choses en grand, très grand.

Prenez "Athanor", cette peinture monumentale de 11 mètres de haut qui trône au Louvre depuis 2007. C'est la première œuvre contemporaine à avoir intégré les collections permanentes du musée depuis 1954. Excusez du peu !

 

L'Explorateur des Mythes et de la Poésie

Kiefer ne se contente pas de peindre, il explore. Ses œuvres sont de véritables voyages à travers l'histoire, la mythologie et la littérature. Il puise son inspiration dans la Kabbale, l'alchimie, les légendes germaniques, la poésie...

Les poètes sont d'ailleurs omniprésents dans son œuvre. Paul Celan, Ingeborg Bachmann, Velimir Khlebnikov... Kiefer dialogue avec eux à travers ses créations, inscrivant souvent des fragments de leurs textes directement sur ses toiles. C'est comme si ses œuvres étaient des poèmes visuels, des odes à la mémoire et à la résilience [1].

 

Le Roi Midas de l'Art Contemporain

Peinture inspirée par Anselm Kiefer représentant une forêt dénudée en hiver, avec un serpent imposant serpentant parmi les feuilles mortes, les arbres noircis et un ciel tourmenté, dans une palette de couleurs sombres et terreuses, évoquant des thèmes de régénération et de mystère

Kiefer n'est pas seulement un géant artistique, c'est aussi une véritable machine à cash. Ses œuvres s'arrachent à prix d'or dans les ventes aux enchères. En 2011, sa toile "Margarate" s'est vendue pour la modique somme de 3,2 millions d'euros. Pas mal pour quelqu'un qui travaille avec de la paille et du plomb, non ? [2]

Mais ne vous y trompez pas : Kiefer n'est pas un marchand, c'est un visionnaire. L'argent n'est pour lui qu'un moyen de financer ses projets pharaoniques. Car quand on construit des tours de béton de 14 mètres de haut dans son jardin (comme il l'a fait à Barjac), il faut bien quelques sous !

 

Les "Maisons" de Kiefer : Quand l'Art Devient Architecture

Parlons-en, de ces fameuses "maisons" que Kiefer a commencé à créer dans les années 90. Ce sont des environnements entiers, mêlant construction, sculpture et peinture. Imaginez des pavillons aux murs blancs, recouverts de tôle ondulée à l'extérieur, conçus spécifiquement pour abriter ses œuvres [3].

Ces "maisons" sont un peu comme des sanctuaires de l'art, des espaces sacrés où les créations de Kiefer peuvent respirer et dialoguer entre elles. C'est sa façon à lui de contrôler totalement l'expérience du spectateur. Quand vous entrez dans une "maison" de Kiefer, vous pénétrez littéralement dans son univers.

 

L'Opéra Colossal : Quand Kiefer Se Fait Metteur en Scène

En 2009, Kiefer franchit une nouvelle frontière artistique : l'opéra. Pour les 20 ans de l'Opéra Bastille, il crée "Am Anfang" (Au commencement), un spectacle total où il signe mise en scène, décors et costumes [4].

Imaginez un peu : des textes de l'Ancien Testament, une vision post-apocalyptique du monde, le tout mis en musique et en images par Kiefer. C'est comme si la Genèse rencontrait Mad Max, le tout orchestré par un génie de l'art contemporain. Dingue, non ?

 

Kiefer et la Kabbale : Quand l'Art Rencontre le Mysticisme

Depuis les années 90, Kiefer s'est plongé dans l'étude de la Kabbale, cette tradition mystique juive. Et ça se voit dans son art ! En 2000, il présente "Chevirat haKelim" à la chapelle de la Salpêtrière : cinq toiles inspirées des concepts fondamentaux de la Kabbale lourianique [5].

Pour Kiefer, la Kabbale n'est pas qu'une source d'inspiration, c'est une véritable méthode de travail. Il utilise ses concepts pour explorer la création, la destruction et la reconstruction du monde. C'est comme s'il essayait de réparer l'univers à travers son art. Ambitieux, vous avez dit ?

 

Les Expositions Kiefer : Des Événements Planétaires

Quand Kiefer expose, ce n'est pas une simple expo, c'est un événement ! En 2007, il inaugure le programme Monumenta du Grand Palais à Paris avec "Chute d'étoiles". Imaginez 17 000 m² remplis d'œuvres monumentales de Kiefer. C'est comme si l'apocalypse avait rendez-vous avec la beauté [6].

En 2015, le Centre Pompidou lui consacre une rétrospective majeure. 150 œuvres, dont 60 peintures gigantesques. C'est simple : il fallait presque un GPS pour ne pas se perdre dans l'exposition ! [7]

 

L'Héritage de Kiefer : Un Géant sur les Épaules de l'Histoire

Tableau évoquant une scène de paysage abstrait dans le style de Anselm Kiefer, avec des textures épaisses et craquelées en haut, se fondant dans des tons d'ocre et de noir, et des éléments végétaux linéaires en premier plan, le tout sous un ciel nuageux et mélancolique.

Alors, quel héritage laissera Anselm Kiefer ? Celui d'un artiste qui a osé affronter les démons de l'histoire, qui a transformé la douleur en beauté, qui a fait de l'art un outil de mémoire et de réflexion.

Kiefer, c'est un peu le Prométhée de l'art contemporain. Il a volé le feu de l'histoire pour le transformer en œuvres éblouissantes. Il nous rappelle que l'art n'est pas là pour être joli, mais pour nous secouer, nous faire réfléchir, nous émouvoir.

Dans un monde qui court toujours plus vite, qui zappe et oublie à la vitesse de l'éclair, Kiefer nous oblige à nous arrêter, à contempler, à nous souvenir. Il nous montre que la beauté peut naître des cendres, que l'espoir peut surgir du chaos.

 

L'Art comme Acte de Foi

Kiefer nous rappelle que l'art n'est pas un luxe, c'est une nécessité. Dans un monde qui semble parfois perdre la tête, ses œuvres sont comme des phares dans la nuit, des repères pour ne pas oublier d'où nous venons et qui nous sommes.

Alors la prochaine fois que vous vous sentirez dépassés par l'actualité, écrasés par le poids de l'histoire, faites comme Kiefer : prenez du recul, plongez dans les mythes, explorez la poésie. Et qui sait ? Peut-être trouverez-vous, vous aussi, un moyen de transformer le chaos en beauté.

L'art de Kiefer, c'est une invitation au voyage. Un voyage dans le temps, dans l'espace, dans l'âme humaine. Un voyage parfois difficile, souvent bouleversant, mais toujours nécessaire. Car comme le dit si bien notre artiste : "L'art est une tentative de toucher l'infini." [8]

Alors, prêts à plonger dans l'infini avec Anselm Kiefer ?

 


Pour aller plus loin : Les œuvres incontournables de Kiefer

  1. "Margarethe" (1981) - Une exploration poignante de l'histoire allemande à travers le poème "Todesfuge" de Paul Celan.
  2. "Athanor" (2007) - L'œuvre monumentale qui a fait entrer Kiefer au Louvre.
  3. "Les Ordres de la Nuit" (1996) - Une toile gigantesque qui plonge le spectateur dans un paysage post-apocalyptique.
  4. "La Brisure des Vases" (1990) - Une installation fascinante inspirée des concepts kabbalistiques.
  5. "Sterrnenfall" (2007) - L'installation centrale de l'exposition Monumenta au Grand Palais, un voyage cosmique à couper le souffle.

N'hésitez pas à explorer ces œuvres en ligne ou, mieux encore, à les voir en vrai si vous en avez l'occasion. Rien ne remplace l'expérience directe d'une œuvre de Kiefer. Croyez-moi, c'est comme plonger dans un autre monde !


Références

[1] Andrea Lauterwein, "Anselm Kiefer et la poésie de Paul Celan", Éditions du Regard, Paris, 2005.

[2] "Anselm Kiefer's 'Margarethe' sells for $3.6 million at Christie's", Reuters, 2011.

[3] Daniel Arasse, "Anselm Kiefer", Éditions du Regard, Paris, 2001.

[4] "Am Anfang", programme de l'Opéra Bastille, Paris, 2009.

[5] Catherine Strasser, "Chevirat Ha-Kelim. Le bris des vases et Anselm Kiefer : Chapelle de la Salpêtrière", Éditions du Regard, 2000.

[6] "Anselm Kiefer - Monumenta 2007", Grand Palais, Paris, 2007.

[7] "Anselm Kiefer", catalogue d'exposition, Centre Pompidou, Paris, 2015.

[8] Interview d'Anselm Kiefer, The Guardian, 2011.

Dernière mise à jour : 21/07/2024

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